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HABATA - journée d'étude 2017 

L'habitat de l'âge du Bronze à la Tène ancienne dans les Hauts-de-France et ses marges

description

Lors de la première année du PCR, une journée d’étude a été organisée en novembre 2017, à l’université de Lille. L’objectif avait été fixé dès le lancement du projet, lors de l’année probatoire.

 

Le thème se focalise sur les sites d’habitat présents aux marges des Hauts-de-France. Les membres du PCR souhaitaient proposer différentes communications de la part des chercheurs voisins de notre zone
d’étude afin d’organiser un tour d’horizon des sites de ces zones géographiques. Le but était de mettre en évidence les points communs avec la zone d’étude du PCR afin de déceler la possibilité d’influences culturelles dans les modes constructifs des bâtiments ou dans l’organisation spatiale des sites selon les périodes chronologiques.

 

La présence de collègues anglais, belges mais aussi français de Normandie, du Bassin Parisien ou de Champagne-Ardennes nous a ainsi permis d’avoir un point de vue élargi autour des Hauts-de-France.

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Les membres du PCR, représentés par Yann Lorin et Nathalie Buchez, ont ouvert les communications de la journée avec une présentation chronologique et synthétique des données acquises. L’objectif de ce tour d’horizon périphérique était essentiellement de mieux cerner, au travers des données actualisées présentées, les points communs et les différences entre les habitats des Hauts-de-France et ceux des régions voisines pour ce qui est de leurs composantes et de leur l’organisation. Cependant, au cours des présentations et des discussions se sont fait jour des préoccupations communes en lien avec les obstacles qui se manifestent dès lors qu’il s’agit de dater, de caractériser, les sites d’habitat des phases anciennes de la Protohistoire, surtout lorsque ces sites se présentent sous la forme de vestiges fugaces et dispersés. Les principaux points abordés ont concerné les questions du filtre taphonomique et de l’échelle de perception ainsi que les problèmes de datation. Si ces freins sont bien réels, il est apparu quelques réponses méthodologiques pour tenter d’en limiter les effets, voire de les dépasser, lors des différentes interventions de la journée.

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Certaines réponses découlent de traditions de recherche qui ne sont pas celles des Hauts-de-France mais il est clair - au vu des résultats obtenus ailleurs - que nous devons nous en inspirer… et le PCR HABATA est un premier pas dans cette direction. Il est notamment question ici des datations isotopiques. Il est désormais évident que face à l’indigence en mobilier, dater les quelques vestiges représentant une occupation ancienne passe, non pas, par une, mais par un ensemble de données, seul à même d’étayer la datation.
C’est encore plus vrai lorsque les sites sont constitués d’une densité telle qu’on ne sait pas si les vestiges représentent ou non des occupations successives, et ce qui revient à l’une ou à l’autre de ces occupations. Comme Guy de Mulder l’a souligné dans sa communication, à l’échelle plus restreinte d’un bâtiment de grande dimension ou probable habitation - chacun s’accorde pour reconnaître l’importance qu’il y a à dater ce type de structure pour apprécier les choix culturels et de mode de vie et au-delà pour retracer
l’histoire des techniques constructives -, on ne peut pas s’en tenir à une seule datation qui peut reposer sur un élément résiduel, voire intrusif.

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Pour Colin Haselgrove, avant d’avancer des schémas explicatifs sur les rythmes d’occupation et la caractérisation des évolutions, il conviendrait même d’éprouver les phasages jusqu’ici essentiellement élaborés à partir de l’étude des mobiliers, d’en mesurer la validité à l’aune de programmes de datations absolues, certaines études de cas montrant des décalages. Or, si nos collègues Belges et champenois ont fait et font le choix de multiplier les datations, ce n’est pas la coutume dans notre région, où la situation présente des disparités. Le volet « datations » proposé dans le cadre de ce PCR est destiné à pallier le déficit en datations des opérations passées, mais la réponse d’avenir est bien celle d’infléchir nos pratiques, d’accorder dès le terrain une place plus importante aux datations isotopiques. N’oublions pas que l’un des objectifs du PCR HABATA est de porter un regard critique constructif sur les pratiques dans les Hauts-de-France.

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Une autre limite à la compréhension de la configuration des habitats de la Protohistoire ancienne, identifiée par tous mais qui est plus ou moins importante selon les régions d’études - du fait bien sûr des procédures liées aux cadres réglementaires mais aussi de façons de faire et de choix qui diffèrent - est celle de l’échelle de perception des sites, autrement dit des surfaces ouvertes qui sont plus ou moins vastes. Dans certaines régions, une vision extensive est possible ; dans d’autres, elle reste restreinte aux zones les plus denses en vestiges ou morcelée, en dépit des orientations proposées par le Conseil National de la Recherche Archéologique, ce que sa vice-présidente Anne Lehoërff n’a pas manqué de souligner en invitant à porter à la connaissance du CNRA les cas critiques.

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Cela étant établi, dépasser les freins imposés par la nature des sites d’habitat des périodes de la Protohistoire ancienne, ou autrement dit « sortir de la quadrature du cercle », c’est explorer de nouvelles pistes, chercher de nouveaux outils d’analyse. Au-delà de la posture militante et stimulante qui est celle de certains de nos collègues présents lors de cette journée, on retiendra la démarche consistant à ouvrir le dossier de l’architecture vernaculaire moderne à la recherche du temps des innovations au travers d’une relecture des données brutes : l’apparition de volumineuses fosses d’extraction en Champagne durant la protohistoire ancienne pourrait-elle témoigner de l’apparition d’une architecture en carreaux de terre (communication Vincent Riquier) ?

 


Cette démarche s’inscrit dans le temps long, comme celle qui consiste à identifier les concomitances entre les césures ou passages d’une forme de l’habitat à une autre (inséré dans un parcellaire ou non, dans l’exemple normand présenté par Emmanuel Guesquière et Cyril Marcigny) et les fluctuations du climat. Ces points de vue ne vont pas sans nous conforter sur le bien-fondé de notre propre démarche, telle que menée dans le cadre du PCR HABATA, sur le temps long, tout en venant enrichir nos axes d’approche.
 

Reste le filtre taphonomique. La démonstration proposée lors des discussions par notre collègue Régis Labeaune concernant le site de Talant «La Peute Combe», en Côte d’Or, est édifiante : enlever 10 cm de stratigraphie d’un site d’habitat où les bâtiments sont érigés hors-sol et il n’en reste plus aucune trace ; enlever 30 cm et seule une ou deux fosses demeurent perceptibles. Pour conclure, c’est donc tout autant pour les données actualisées qui ont été présentées lors de cette journée d’étude que pour les points de méthode qui sous-tendent ces présentations qu’il est important de les publier.

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Le programme : 

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